La morsure du froid condensa la respiration calme de la jeune femme. Bien que les années aient fait leur office, aucune marque du temps passé ne s'accrochait à la peau d’albâtre de la femme encapuchonnée. Son séjour dans les brumes bien qu'elle pensait qu'il serait son dernier fut écourté par l'avidité d'un marchand à l'âme nécrosée. Elle gagna les rue étroite du rempart et n'y découvrit qu'un va et vient indolent de la part des commerçant. Mais où donc était passé cette âme vérolée?

Elle arpenta longuement les rues avant d'abandonner le Rempart. Si ce marchand n'était pas ici, il ne devait être que dans une autre ville commerçante. Elle passa silencieusement au Bourg du Cerf. Sans faire de bruit elle prit tout de même le temps de déposer une courte missive à la Dame du Consortium, la prévenant de son retour.
Puis elle arpenta Jhelom, mais n'y trouva que le vice coutumier des nomades aux flèches empoisonnées. Il ne restait dès lors que Richepont.

Alors qu'elle pénétra la herse relevée son instinct la prévint que l'âme traquée ce trouvait non loin d'ici. Elle trottina d'abord sur les pavée glissant de la chaussée, puis allongea l'enjambée jusqu’à courir et atteindre une vielle bicoque à la façade décrépie.
Elle pénétra sans peur dans le bouge immonde de la taverne. L'odeur âcre de la bière mal brassée se mêlait subtilement avec le rance de la populace. Elle souleva ses jupons dont la doublure était déjà recouverte de boue et de poussière et appela le tavernier au comptoir.


- Je cherche un marchand particulier... Murmura-t-elle à l'homme bedonnant.
- Il n'y a que des marchands particulier dans toute la ville ma dame, mais pas dans ma taverne.
Elle inspira profondément  tout en soutenant le regard globuleux de l'homme. Bien qu'elle ne soit pas très grande Lantis espérait que l'aura menaçante de son statut de nécromante fasse son travail.

Du fond de la pièce un homme grassouillet au port outrancier quitta ce qu'i semblait être une cache masquée.
- La bas, qu'y a-t-il?
- Il n'y a qu'un salon

Elle fixa le marchand et sonda son âme. La gangrène avait dévorée son cœur et son esprit. C'était lui! Lorsqu'il sorti de la taverne crasseuse, elle abandonna le tavernier à sa vaisselle et suivit le gras personnage.

Après plusieurs heures de filature, l'âme traquée se posa dans une demeure classique. Lantis chipa une livrée laissée par un domestique et se changea prestement pour poursuivre sa proie.
Elle put ainsi obtenir tous les renseignements voulus à la clarté de la lune.

Un simple mot de passe?
C'est tout? Juste un assemblage de lettres et de mots... elle en attendait bien plus de ce réseau. Elle qui avait quitté le Temple, après que le Grand Maître ai tiré sa révérence d'une manière assez brutale. Elle espérait trouver dans ce regroupement de marchand peu scrupuleux le nécessaire pour pouvoir s'établir dans un nouveau laboratoire. Libre de toute contrainte imposée par les Grands Maîtres.


Le lendemain, à la première heure, elle tambourina à la porte de la crasseuse taverne et entra en bousculant  sans ménagement la frêle serveuse. Elle glissa un mot à l'oreille du tavernier, et se dirigea sans qu'on l'y invite vers la porte dérobée du fond de la pièce.
Un escalier aux marches étroites descendait dans le noir. Au bout de ce chemin l'éclat de plusieurs voix était audible.

D'un geste qu'elle voulut théâtrale elle poussa la lourde porte barrée et pénétra dans la pièce éclairée uniquement de chandelles de suif. Elle rabattit son capuchon sur ses épaules, montrant ses prunelles couleur de braise, signe que son âme appartenait au royaume des morts et aux flammes des enfers.

- Que l'on m'amène au chef! tonna-t-elle.